Voici le témoignage d'Antoine Caschetta, c'était il y a très...très longtemps....
Alors avant de lire le message que nous a transmis Antoine, quelques lignes de ma main pour établir le contexte dans ses grandes lignes.......
Certain dirons que l'on remonte au temps de la "bécane à Jules"....c'est presque cela....
C'était en août 1941, les troupes allemandes débarquent en Libye pour prêter main forte aux italiens qui reculant devant les anglais, venaient d'abandonner la Cyrénaïque....
On ne va pas s'étendre sur le sujet, juste pour dire que les divisions "hyper" mécanisées allemandes commencent à remporter des victoires faciles, reprennent le terrain perdu et même un peu plus, ceci jusqu'en novembre 1942 date à laquelle l'Afrika Korps est définitivement stoppée par les troupes britanniques devant El Alamein.
Ici, à perte de vue, la longue cohorte des motos de l'Afrika Korps, avec beaucoup de sides cars lourds BMW (au premier plan, reconnaissable à sa fourche télescopique) et Zundapp. Ces 750, dont le side était à roue motrice, pouvaient avoir un équipage de 3 hommes.
Après El Alamein ce sera un lent reflux de l'Afrika Korps et des troupes italiennes vers l'ouest, pour finir cette retraite amènera en Tunisie plusieurs centaines de milliers de soldats allemands et italiens avec un matériel roulant gigantesque. La Tunisie était pour les forces de l'axe un territoire ami, puisque sous l'administration du gouvernement Pétain.
Ici l'équipage d'un side Zundapp demande sa route à des tunisiens. Ici je pense que c'est une ks600.
Après plusieurs batailles importantes perdues, le manque de soutien logistique contraignit cette armada à la capitulation en mai 1943 face aux forces anglaises arrivant de l'est et américaines arrivant par l'ouest depuis l'Algérie où elles avaient débarqué en novembre 1942.....
Simultanément à cette capitulation tunisienne les troupes allemandes assiégées par les russes à Stalingrad capitulaient aussi.
A Stalingrad seuls 90.000 soldats survivants furent fait prisonniers sur les 250.000 assiégés, plusieurs années plus tard seuls 9.000 de ces 90.000 prisonniers allemands revinrent des camps Russes.
Alors qu'en Tunisie presque 200.000 soldats allemands prendront la direction des camps de prisonniers nord américains, USA et Canada, les Ice-cream et le coca américain firent beaucoup moins de perte que le régime des camps russes! Et tous revinrent.
En Tunisie les militaires allemands et italiens laissèrent derrière eux des milliers de véhicules qui furent soit réutilisés soit ferraillé.
A partir de ce moment c'est Antoine, qui en ayant utilisé successivement les 2 side-car lourds de cette Afrika Korps, le 750 Zundapp puis le 750 BMW, témoigne pour nous de ce que l'on trouvait dans les casses tunisiennes.
A remarquer qu'Antoine nous signale la présence à Tunis de nombreuses side-cars italiens, Guzzi et Gilera, matériel qui témoigne des abandons de la partie italienne de cette armée.
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Ci dessous le témoignage d'Antoine Caschetta
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Bonjour à tous, j'ai déjà 87 ans et connaissant votre intérêt pour les mécaniques allemandes, je vous ai mis par écrit quelques'uns de mes souvenirs sur les sides cars 750cc Zundapp et BMW KS750 que j'ai utilisés à Tunis à la fin de la décennie 40.
Le point de départ c'était une casse de Tunis.
A Tunis les casses de l'époque n'étaient pas celles d'aujourd'hui: autos, motos, avions déchiquetés et ferrailles de toutes sortes y étaient amoncelées avant d'être expédiées vers la France pour la récupération des matières premières. Et dans ces montagnes de ferraille il y avait des personnes qui cherchaient à récupérer, avant qu'il soit trop tard, des pièces ou des motos ou même des voitures entières dont ils avaient besoin.
Un collègue à qui j'avais cédé la partie d'un local pour pratiquer son activité de remise en état de motos récupérées, passait des journées entières dans cette casse puis en revenait avec ses trouvailles. Un jour il m'a ramené une Zundapp KS 750, à laquelle manquaient pas mal de pièces, par la suite il me trouva ces pièces manquantes dans cette même casse. De là commença la remise en état de ce side-car et puis ses modifications.
C'était fin 1948 et j'ai roulé avec cette moto 2 ans environ, ensuite je l'ai vendue à un jeune artisan mécanicien autos. J'étais moi même artisan:travaux de tour, ajustage et mécanique moteurs industriels, activité que j'ai exercée de 1946 à 1951, soit de 19 à 24 ans.
Mais revenons à cette zundapp, elle provenait donc de la casse et je l'ai remise en état complètement avec des pièces d'occasion, le bloc moteur et le carter de boite de vitesse entièrement passé à la polisseuse, et repeinte : gris perle qui selon la couleur du ciel donnait des reflets bleu ou gris pastel, siège en cuir rouge,elle attirait le regard, quel plaisir!!
Cette machine me fascinait, car malgré quelques ennuis mécaniques je l'ai toujours aimée. La zundapp avait la réputation d'être fragile et de ce fait,( je suppose,) c'était la raison pour laquelle il n'y en avait pas beaucoup en circulation. Il y avait beaucoup plus de BMW,des motos italiennes quelques fois attelées à un side-car; des moto Guzzi, Gilera et autres.
Une KS750 restaurée par notre ami Lionel.
Cette photo provient de son site "zundapp.jimdo"
Par la suite j'ai eu un side-car BMW , je l'aimais moins, je trouvais qu'il ressemblait à un bulldog, mais était tout de même très solide. Cette BMW R750 "Afrika Korps" était dans la même catégorie que la Zundapp, comme la Zundapp elle était sortie de la même casse de Tunis.
La K500 à moteur de KS600cc, photographiée devant l'agence Zundapp d'Alger rue Eugène Robe.
La KS750 qui fut ramener en France en 1962 par Georges (à gauche) et Eugène Triay (à droite).
C'est cette présence importante de Zundapp "ex-Afrika Korps" à Alger qui donna l'idée à la famille Triay de contacter dès la fin de la guerre la firme Zundapp pour des fournitures de pièces détachées.
Merci pour ce récit, c'est sympa de voir notre marque préférée en dehors du continent européen