Enfin un article de presse qui nous éclaire totalement sur les débuts en France du tandem Zundapp/Gottfried, nous sommes en février 1969, Zundapp a fait les choses en grand, 8 journalistes français de la presse "moto" sont invités à Munich pour la présentation à la fois du nouvel importateur, des ambitions de Zundapp pour le marché français et de la gamme Zundapp qui doit conquérir ce marché.

Cet article provient du n° d'avril 1969, d'une revue destinée principalement aux professionnels du "deux roues", il s'agissait de la revue "Le Cycle" qui était une revue professionnelle concurrente, à l'époque, d'une autre revue professionelle "L'Officiel du cycle et du motocycle".

La partie la plus intéressante de cet article est le discours que prononça le patron de Zundapp, le Dr Neumeyer, en direction des journalistes, il est très explicite sur les ambitions de Zundapp en France et sur la confiance que la firme met en M. Gottfried pour atteindre ses objectifs, ici le Dr Neumeyer compare Zundapp à Mercedes pour le positionnement des machines de la marque par rapport aux fabricants français. Le patron de Zundapp précise que sa firme est à ce moment le premier fabriquant de motocycles (il ne précise pas, mais on peut penser qu'il dit le 1er d'Allemagne), et que la France est, avec ses 3 grands fabricants (Motobécane, Peugeot et Solex) et d'autre plus petits, le deuxième producteur mondial de motocycles derrière le Japon.

Le texte qui suit est intégralement celui du rédacteur en chef de la revue "Le Cycle": M.Daniel REBOUR et les photos sont celles qui accompagnaient l'article. En caractères gras l'extrait de l'exposé de M Neumeyer, rapporté par M REBOUR, par contre sont de notre plume: les commentaires des photos ainsi que l'ajout des 2 photos de Mr Neumeyer.

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Répondant à l'aimable invitation de la direction de ZUNDAPP et de son importateur en France, la société Gottfried, nous étions, en cette fin de février, huit journalistes à prendre place dans la Caravelle qui devait, moins d'une heure et demie après, se poser sur l'aérodrome de Munich. Partant de Paris sous le soleil et par une température presque printanière, le changement fut brutal lorsque nous vîmes le ciel gris et le sol blanc de neige de l'Allemagne. Fort bien accueillis à notre descente d'avion par les représentants de la direction de la firme, nous étions dirigés vers un excellent hôtel, et, après avoir déposé nos valises, nous repartions bientôt pour le déjeuner au restaurant de la Tour du Stade olympique. Si ce stade en est encore à l'état de  chantier,la  Tour  dresse  ses 290 mètres et offre aux visiteurs un spectacle  aussi  saisissant  par  son aspect extérieur que par la vue que l'on découvre par la verrière circulaire de son restaurant tournant (un tour à l'heure) située à 182 mètres de haut.

Ci dessus Daniel REBOUR effectuant un petit tour de KS50 Super Sport.

Ci dessous François Gottfried (chapeau) sur le M50 aux côtés de Daniel REBOUR (casquette).

Et François Gottfried nous présente toute la gamme "française" avec dans cet alignement avec les 4 modèles, dont deux C50  Super, Zundapp avait bien analysé la situation française car ce C50 Super et son successeur l'année suivante le C50 Sport furent les machines les plus vendues de cette gamme, le M50 était trop cher face aux cyclo made in France et les KS50 furent handicapés par la necessité d'être conduit avec le permis (du fait de l'absence de pédales). Les deux KS50 sont reconnaissables à leur frein avant de grand diamètre.

Mais, après le déjeuner, nous étions redescendus sur terre, et, dans le froid et la pluie, sur un sol parfois boueux par endroits encore enneigé, il nous fallait bien essayer les cinq modèles de motocycles que ZUNDAPP avait préparé dans ce but. Mais faire Ces essais en costume de ville, par cette température et sous cette pluie glacée, ce n'était pas très drôle à envisager. Heureusement, dans le camion, certains trouvèrent des vêtements imperméables, jambières et vestes,  ainsi que des gants, casques et lunettes, de quoi pouvoir affronter les éléments. D'autres avaient emporté ce qu'il fallait,  et mon imperméable (un peu trop léger) la casquette assortie, mes gants et mes lunettes à grands verres, formèrent un équipement suffisant, ou presque, puisque le lendemain, je ne pouvais plus parler, et le rhume ainsi contracté ne voulut pas me quitter avant trois semaines. Malgré ces conditions de sol, de temps et de froid, nous repassant les uns aux autres les diverses machines, nous avons pu apprécier les très hautes qualités de nervosité, de tenue de route,  de  maniabilité,  en  somme d'agrément de conduite des productions ZUNDAPP.

Ci dessus les 4 modèles sélectionnés par Zundapp pour former le premier programme "français" du nouvel importateur, 2 vélomoteurs 50cc/5v, le KS50 et le KS50 Super Sport ainsi que 2 cyclomoteur le M50 2vit et le C50 Super 3vit.

La réunion organisée dans la salle de bar située au pied de la Tour nous permit de nous réchauffer. C'est M. le Dr Neumeyer, petit-fils du fondateur de la firme et co-directeur qui, étant venu nous retrouver, retraça pour nous les grandes lignes de l'histoire de ZUNDAPP et son activité actuelle. Voici quelques extraits de son allocution:

...Vous pouvez être assurés que l'usine ZUNDAPP ne considère pas la Presse  comme une charge plus ou moins utile mais aime avec beaucoup de satisfaction maintenir des contacts avec les journalistes. Si ces contacts avec vous n'ont pas eu lieu au cours des dernières années, c'est que ZUNDAPP ne disposait malheureusement pas  d'un  représentant  valable  en France. Nous nous réjouissons d'avoir trouvé avec les Etablissements Gottfried a Mulhouse un importateur dynamique et compétent. Il est incontestable que le fait d'assurer l'importation de deux-roues  motorisées,  que  ce soit  de cyclomoteurs ou de motos dans un pays comme la France, demande beaucoup de courage et une grande initiative.

Mr, Neumeyer en 1968

Je n'ai pas besoin de vous rappeler que la France, après le Japon, possède aujourd'hui la plus grande production de deux-roues motorisées dans le monde. A ceci s'ajoute en France comme en Allemagne d'ailleurs la très grande concentration de fabrication chez seulement trois grands producteurs, ce qui rend la situation encore plus difficile. Enfin, il faut prendre en considération les prix très bas appliqués aux cyclomoteurs français, prix qui résultent d'une présentation simplifiée volontairement et de la grande production de ce matériel. Pourtant les établissements GOTTFRIED  et ZUNDAPP comptent pouvoir prendre avec succès leur place sur le marché français. Vous vivez et travaillez dans un pays qui dispose d'une industrie de cyclomoteurs très étendue, pays où l'on peut penser que les cartes, quant à la distribution des cyclomoteurs, sont déjà données entre trois grands joueurs. (Note du Zseft: Motobécane,Peugeot,Solex)

Voir en fin de l'article "Solex et Mobylette" les grands chiffres des productions de motocycles. 

Cependant, l'étude de ce que nous voyons dans beaucoup de pays, voire l'exemple de  l'industrie automobile, semblable à la notre, nous prouve que non seulement les géants, mais aussi les établissements moins grands ont leurs chances, et, même que ces derniers, par leur plus grande souplesse  s'en  tirent  mieux dans  les crises que les grands. Il doit être aussi précisé que ce n'est pas uniquement le prix  qui décide les ventes. Par exemple, Mercedes n'est pas en position d'offrir une voiture au même prix que volkswagen. Ce n'est pas toujours le prix qui fait le marché  c'est la justification du prix. Evidemment le nombre de personnes qui peut acheter une Mercedes n'est pas si grand que celui qui peut acquérir une voiture Volkswagen et par ce fait, la quantité des ventes n'est pas aussi importante que celle de Volkswagen : Cependant Mercedes est une entreprise productive et saine. Il n'est pas nécessaire de vous dire pourquoi j'ai fait une allusion si longue dans le monde de la production de l'automobile. Nous, chez ZUNDAPP, sommes  peut-être présomptueux  de nous comparer un peu a Mercedes. Mais étant le plus grand constructeur de véhicules motorisés à deux roues, c'était et c'est toujours notre but de ne pas fabriquer des machines bon marché, mais de haute qualité.

Revenant  à  votre  pays,  je  suis convaincu qu'il y a une intéressante place a prendre sur le marché pour ZUNDAPP, entre les trois grands de votre pays, et que cette place peut être conquise avec énergie et persévérance. Je crois que nos véhicules représentent un complément utile dans la gamme des cyclomoteurs et vélomoteurs déjà sur le marché, et que nos machines  seront favorablement accueillies. Vous verrez en détail les modèles que nous avons choisi dans notre programme de  fabrication  afin d'être destinés pour la vente en France. J'espère que les essais sur ces différents types de machines que vous venez de faire vous ont prouvé que nos engins en tant que performance et finition présentent vraiment quelque chose. ZUNDAPP  a  pu  fêter en 1967 son cinquantième anniversaire et j'espère qu'il vous sera possible de constater pendant la visite de l'usine que l'établissement est resté quand même jeune et dynamique, et que expérience  et progrès marchent de paire  comme  nous  voudrions  le souhaiter.

ZUNDAPP a participé avec succès aux  différents  concours  de  trials (St. Cucufa et Clamart) et a récolté depuis des années des lauriers dans les courses de niveau international. Par la suite ZUNDAPP fera le nécessaire sur le plan sportif pour assurer sa renommée en France. ZUNDAPP vient  de recevoir la médaille d'or  «  Jeunesse et Sport » de la main de M. le ministre pour sa deuxième place au trial de Clamart. Nous en sommes très fiers à juste titre.

Ci dessous Mr Neumeyer dans sa jeunesse, en 1950 dans une épreuve allemande d'enduro au guidon d'une DB201.

Je  voudrais  aussi  rappeler  que ZUNDAPP, depuis presque quatre ans, a réussi à  battre six records du monde dans la classe de cinquante centimètres  cubes  et  a battu  huit autres  records  mondiaux  dans  les cylindrées supérieures. ZUNDAPP a réussi l'année dernière, comme vous le savez certainement, à gagner le Trophée des Six Jours Internationaux.

De retour en ville, la soirée se passa avec quelques achats de souvenirs, la traditionnelle chope de bière (un litre!) à la célèbre brasserie Hofbrauhaus, et un repas typiquement germanique (1 jambonneau par personne...) avec chanteurs et sketchs.

Le lendemain matin était réservé à la visite de l'usine. Nous y avons trouvé plusieurs clients de ZUNDAPP qui y suivaient des cours techniques dans le cadre d'un stage de perfectionnement. Il est certain que nous aurons à revenir sur cette visite, fort intéressante d'ailleurs. Mais nous n'avons pas encore obtenu tous les renseignements de détails ni les chiffres précis qui nous permettraient de présenter une étude complète solidement documentée et illustrée. Disons  simplement  que  l'usine, agrandie par de nouveaux corps de bâtiments,  est, dans son ensemble, très moderne, aussi bien par l'outillage que par les méthodes de fabrication et l'organisation des ateliers.

Plusieurs points nous ont plus particulièrement frappés. Citons en quelques-uns. Par  exemple,  la  fonderie  sous pression de la partie arrière du châssis, en alliage léger, avec le gros tube en acier formant l'avant du cadre, lequel est noyé dans la partie en alu lors de l'injection de celle-ci. Pour diverses pièces recevant un revêtement de chrome, admirons les chaînes de  bains  et les  machines automatiques pour polir les réservoirs .Le centrage des roues est également fort original, l'ouvrier regardant dans un tunnel terminé par un écran une projection lumineuse  très  agrandie de la partie de la jante qu'il est en train de centrer. Très remarquable aussi le support pivotant permettant de retourner les machines sur la chaîne de montage, pour les faire passer de la position "roues en l'air" à la position normale.

La fameuse presse qui crache les cadres de 50cc, dans la caisse de droite les cadres avant l'ajout de l'aluminium, et dans les mains de l'opérateur un cadre de 517 qu'il sort de la machine.

Enfin, après la visite de l'atelier du service des courses, où nous vîmes les machines de trials, si souvent victorieuses, après une réception dans les bureaux directoriaux où les dernières conversations  eurent lieu,  avec un champagne allemand et, reconnaissons-le, excellent, la remise à chacun d'une chope  souvenir  illustrée  dont  le couvercle est gravé à la marque de ZUNDAPP, il fallut retourner en ville pour déjeuner, visiter ensuite le très beau musée de peinture, et  enfin reprendre l'avion pour la France. Remerciant la direction de la firme pour cette très sympathique invitation, et en espérant très bientôt pouvoir, sur un plan plus technique, donner à nos lecteurs un compte rendu détaillé des modes de fabrication et de l'importance de l'usine, terminons ce bref résumé de deux jours passés avec les dirigeants de la plus importante marque mondiale de motocycles.

D.REBOUR

Les dirigeants de la firme présents à cette réunion sont énumérés:  MM Schulz et Neumeyer (directeurs), M Maier (fondé de pouvoir), M Huber (chef de production), M Kellner (chef du département outillage), M Keitel (chef adjoint département essais), M Kletzke (chef du département presse et publicité), M Misselwitz (chef du département exportation), M Achtmann (chef adjoint d'exportation), M Eichele et M Kopf (relations publiques).

Avec cet article figurait l'éclaté du moteur 3 vitesses de ces premiers C50 Sport.

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Commentaire Zseft: Nous avions tout au long de nos articles précédents immaginé quels étaient les projets de Zundapp pour le marché français, nous avions souvent exprimé notre avis sur le positionement "haut de gamme" que nous pensions être la politique de la firme, avec cet exposé de M Neumeyer (petit fils du fondateur) aux journalistes français, en ce début 1969, nous savons que cela correspond exactement à ce que nous avions imaginé....

Pour voir notre présentation de la première publicité française de Zundapp/Gottfried, qui avait été distribuée quelques mois plus tôt, lors du Salon de Paris en septembre 1968, avec la présentation pour le grand publique de la gamme: --> cliquez.

Et merci à Alain notre correspondant normand qui nous a fait parvenir les photocopies de ce document.

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Voir aussi la même visite à l'usine Zundapp commentées par le rédacteur en chef de MotoRevue

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Voir aussi notre article sur les différents importateurs Zundapp en France.

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Voir en fin de l'article "Solex et Mobylette" les grands chiffres des productions de motocycles. 

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Il nous faut vous signaler que Daniel Rebour, l'auteur de cet article, était un illustrateur réputé dans le monde du cycle français.  Il avait été  de 1930 à 1950 un collaborateur de "MotoRevue" avant d'être le rédacteur en chef de la revue "Le Cycle". Voici quelques unes de ses réalisations:

L'affiche pour les casques Geno.

Une présentation des moteurs auxiliaires français du début des années 50, avec un extrait.

Et pour le rayonement international de Daniel Rebour, voici les 2 tomes qui lui sont consacrés au Japon. 

Intitulés "Le monde de daniel Rebour"

Voir absolument l'article consacré à la carrière de Daniel REBOUR par un ancien de "MotoRevue"

Cliquez-> Daniel Rebour Moto (et) Cycliste