Voici un document extrait du MotoRevue n°1923 du 15 Mars 1969, il complète très utilement le compte rendu que la revue Cycle avait publié en Avril 1969 (revoir cet article), le sujet commun à ces 2 articles étant la présentation à la presse française de Mr Gottfried, le nouvel importateur, avec la gamme des 50cc Zundapp qu'il allait défendre, après plusieurs années de quasi absence de la marque sur le marché français.

(C'est Lionel le webmaster du site http://zundapp.jimdo.com/, le site du "Zundapp Club de France", qui nous a transmis cet ancien article de MotoRevue, nous l'en remercions)

Zundapp avait fait les choses en grand, puisque fin février 1969, huit journalistes français de la presse "moto" étaient invités, tous frais payés par Zundapp, avec l'aller-retour Paris/Munich en Caravelle, visite de Munich, hotels et restaurants de 1ere classe!

Parmi les revues invitées il y avait bien sûr le n°1 de la presse moto française de l'époque: l'hebdomadaire MotoRevue.

Mais lorsque l'invitation est passée sur le bureau du rédacteur en chef de MotoRevue, Bruno Nardini, celui ci se l'est attribuée, plutôt que de la transmettre à un de ces journalistes, autant que cela soit le chef qui profite de la générosité de Zundapp!!

Ce genre de réaction continue de se rencontrer dans les sociétés du monde entier!

En lisant l'article de Bruno Nardini, il faut reconnaitre que pour un chef, il connaissait son boulot, c'est claire, conçis et perspicace dans la recherche des scoops..... 

Ci dessous l'intégralité du texte de Bruno Nardini, avec la presque totalité des illustrations.

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II y a deux ans, Zundapp fêtait le cinquantième anniversaire de sa création. Il ne nous est pas possible ici de retracer l'histoire prestigieuse de cette usine, histoire qui est en fait intimement liée à cette de la motocyclette. Du moteur de deux temps de 35cc au moteur quatre temps de 800cc, du mofa au scooter et même à la voiturette, Zundapp, selon les périodes, selon les possibilités aussi, a toujours su adapter sa production aux besoins immédiats de se clientèle.

Aujourd'hui l'usine Zündapp est une usine prospère, installée dans la proche banlieue de Munich, dans de vastes bâtiments  dont certains construits  très récemment. La politique suivie par l'usine a été fort bien résumée par M. Neumeyer au cours de l'allocution qu'il a prononcée devant les représentants de la presse spécialisée française. Laissons lui la parole :

« L'exemple de l’industrie automobile, semblable à la nôtre, prouve qu'en plus des « géants », les usines moins importantes ont aussi leurs chances.... Il faut dire que ce ne sont pas seulement les prix qui décident des ventes. Par exemple, Mercedes n'est pas en mesure d'offrir une voiture au même prix que Volkswagen... Evidemment, le nombré de personnes pouvant acheter une Mercedes n'est pas aussi élevé que celui des personnes pouvant acheter une Volkswagen, ce qui fait que le chiffre de production de cette dernière usine est plus élevé que celui de Mercedes, Et pourtant Mercedes, est une entreprise saine.,. Chez Zundapp, nous sommes assez présomptueux pour nous comparer un peu à Mercedes dans le secteur de la fabrication des vélomoteurs et des motocyclettes...

Nous voulons fabriquer non pas le produit de masse à bon marché, mais le véhicule de haute qualité »

Voilà qui est clair et qui précise bien les options de la marque de Munich, La visite d'usine, effectuée malheureusement un peu vite, nous a permis de vérifier à quel point l'automation était poussée chez Zundapp. Les techniques les plus modernes sont utilisées dans tous les ateliers,  compte tenu  cependant  du rythme  de  fabrication.  Actuellement, l'usine emploie 1.800, personnes sur une surface globale qui pourrait permettre d’autres ambitions, Il existe toutefois on Allemagne un problème de main-d'œuvre : l’immigration de travailleurs étrangers y est largement favorisée pour satisfaire (et pas totalement d’ailleurs) les besoins d’une industrie en pleine expansion. Turcs, Yougoslaves, Portugais, Espagnols, Italiens, viennent donc renforcer la main-d'oeuvre locale La production annuelle totale de l'usine est de 80.000 machines environ, dont 50 % destinées à l'exportation vers 138 pays du monde entier.

Pour rester dans le domaine de la fabrication, nous dirons encore que l’usine (où les ouvriers travaillent 40 heures par semaine) ne comporte qu'une seule chaîne de montage construisant, selon les impératifs du marché, les différents types de machines l'un après l'autre.

Au cours de notre promenade dans les ateliers, nous avons particulièrement noté les Installations de fonderie d'aluminium, l'une des fiertés de l'usine, qui permettent en particulier la réalisation du cadre très spécial des Zundapp constitué par un fort tube relié à un caisson arrière moulé sous pression. Grâce à ce procédé, il ne faut que 38 secondes pour « sortir » un cadre. Les moules sont aussi construit à l’usine et, pour rester dans ce domaine il est bon de préciser que presque toutes les pièces constitutives des Zundapp sont directement fabriquées à l’usine ce qui est non seulement un avantage au point de vue prix de revient, mais aussi une garantie quant à la qualité de la production.

Nous avons aussi noté les forges, dans lesquelles des barres d'acier portées à 1.000° sont transformées en peu de secondes en masses d’embiellage: les tours de cémentation à température de 900°; les bains de chromage: et beaucoup d'autres particularités qu'il serait fastidieux d'énumérer ici mais qui font de la visite de l’usine Zündapp un passionnant voyage.

La visite des Ets Zundapp à laquelle nous avons été conviés avait, aussi, comme but de marquer la volonté de l'usine allemande d'inaugurer une nouvelle politique d’exportation en direction de la France. Quelque peu « oubliée » ces dernières années dans notre pays, il importait en effet - pour la marque de Munich - de reprendre sérieusement en main un marché qui lui échappait de plus en plus. Première étape importante le choix d'un importateur. M. Gottfried a été choisi. Nous l'avions déjà rencontré aux Salons de Cologne et de Paris (Octobre 1968), mais nous avons eu l'occasion de le connaître mieux à Munich. Compétent, dynamique, désireux de faire les efforts nécessaires pour implanter sur des bases saines la distribution Zundapp dans notre pays. Mr Gottfried nous a immédiatement fourni la preuve de la façon dont il entendait mener son affaire. Notre première visite à l'usine fut en effet pour les  « stagiaires »  c'est à dire les dépositaires Zundapp de certaines régions françaises venus à l'usine pour se familiariser avec les modèles qu'ils vont avoir à distribuer, pour monter et démonter les moteurs, etc. N'est-ce pas une excellente initiative? Elle sera suivie d’ailleurs, en fin d'année, par une autre « démonstration » dans la région parisienne, avec des techniciens Zundapp.

Du point de vue des modèles importés, nous n'avons rien noté de nouveau et vous trouverez ci-contre la gamme que M. Gottfried va diffuser, avec les principales caractéristiques et les prix pour les différents modèles, trois sans permis et trois avec permis. L'utilitaire de la marque reste le modèle à deux vitesses, cadre ouvert.

Par contre Il est possible que d'ici la fin de l'année on voit apparaître une 125cc qui ne serait pas une extrapolation de la 100cc existante, mais disposerait d'un moteur entièrement nouveau. Malheureusement nous n’avons pu obtenir aucun renseignement précis sur cette future Zundapp.

Les dirigeants de Zundapp n'ont jamais accordé une importance particulière aux compétitions de vitesse. Par contre ils se sont toujours intéressés  aux épreuves de tout terrain et de régularité, et les succès remportés dans ces disciplines sont fort nombreux.

Le plus sensationnel c’est sans doute la victoire aux derniers Six Jours Internationaux et ce avec des machines de petites cylindrées: deux 50cc, deux 75cc et deux 125 cc, battant des motos de bien plus fort cubage.

Cette victoire venait en confirmation des résultats déjà obtenus précédemment : titres de champion d'Allemagne, de champion d'Europe, etc.

D'autre part tous les amateurs de Trial connaissent la sympathique équipe Zundapp que l’on voit fréquemment dans les sous-bois français  sous la direction de Mme Mann, et qui - avec Franke, Brandl, etc. - figure toujours fort bien dans ce genre d’épreuve.

Enfin, rappelons pour mémoire, les records de vitesse sur longues distances battus en 1965 à Monza par une équipe Zundapp.

Mais il est bon de bien préciser que, pour Zundapp, la compétition est avant tout un test essentiel pour améliorer Sa production de série, et aussi un moyen de propagande très utile pour la diffusion de ses modèles en Allemagne et à l'étranger.

Bruno Nardini

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Commentaires du Zseft

La première présentation de cette gamme datait du Salon de Paris, en octobre 1968,.

Cliquez-> Voir le stand Zundapp au salon 68

Cliquez-> Voir la publicité correspondante au salon 68.

Parmi les informations contenues dans cet article, celle qui nous manquait depuis longtemps: les prix de ventes de ces premiers 50cc Zundapp importés en France par Gottfried, avec le M50 à 1.295FF, le C50 Super à 1.795FF, le KS50 à 2.145FF et le KS50 Super Sport à 2.365FF.  

Pour comparer les prix de ces Zundapp avec la concurrence  on trouve dans le MotoRevue de la semaine précédente (n°1922 du 8 Mars 1969) la présentation du Kawasaki 100 Scrambler.

Ce japonais est comme le Zundapp Super Sport, c'est un faux Scrambler, mais avec ses 10,5ch et son graissage séparé le 100 Kawasaki est à 2.200FF, comparé aux 2.365FF et 5,3ch du 50 Zundapp, qui devait être conduit en France avec le même permis de conduire A1....la concurrence était rude.....

Du côté des scoops il y a la petite phrase de Bruno Nardini qui annonce un nouveau moteur pour une nouvelle 125cc, en fait ce nouveau moteur n'existera en 125cc, que pour le marché français, dans le reste de l'Europe ce sera le KS100 5 vitesses. Cette version "française" en 125cc sera présentée à la fin de cette même année 1969 au Salon de Paris, avec la nouvelle gamme 1970.

Cliquez-> Voir la publicité correspondante au salon d'octobre 1969. 

Ce qui était surprenant dans cette autre publicité, celle d'octobre 1969, c'est qu'avec l'apparition du KS125 "français", les KS50 avec permis ont complètement disparus du catalogue Gottfried, l'importation semble avoir cessé au seul profit de cette 125cc. 

Pour l'importateur ce KS125 10ch sera l'occasion d'avoir enfin, dans la catégorie des machines avec permis A1, une machine très concurrentielle puisque moins chère que les twin japonais. 

Tout en étant un peu plus chère que les 125cc monocylindre Puch et Honda, mais ce 125cc Zundapp "10ch" était 4 ou 5km/h plus rapide que ces deux autres monocylindres qui affichaient des puissances supérieures au Zundapp, 12ch pour le Puch.

Cliquez-> Voir l'essai de cette KS125. 

Il faudra attendre 1973 et la sortie du KS50 Watercooled pour revoir l'importateur faire (un peu) la promo pour un 50cc (avec permis de conduire) il faut dire qu'à ce moment le KS125 "français" bon marché aura presque disparu pour être remplacé par le nouveau KS125 à cadre rouge.

Encore que Gottfried écoulera ses stocks durant cette année 1973, puisque voulant une KS125 cadre rouge en 1973 notre ami Patrice ne pu qu'obtenir un KS125 bleu!

Parmi les autres informations intéressantes, celle qui précise que dans l'usine de Munich il n'y avait qu'une seule chaîne de montage, qui montait tour à tour tous les modèles produits, en fonction de la demande.

Ci dessous cette chaîne de montage en 1967.

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Dernier point, la photo prise par Bruno Nardini dans les locaux du team course de Zundapp, nous montre un ensemble de cadres en attente de montage. Il est certain que pendant les années 60 l'ensemble des compétitions clients, livrées à quelques privilégiés, étaient assemblées par le département course et non par l'usine.

On peut se poser la question de la production des premiers GS et KS125 cadre rouge, ont elles été aussi assemblées sur la chaîne des 50cc?